L'île aux aubépines
Au coeur du golfe du Morbihan, l'été est presque déjà là. L'hiver s'en est allé laissant éclater d'un coup les bouquets du printemps. Presque trop vite. L'hiver ayant laissé des traces de vent et de nuages au coeur, adopter le printemps demande de tout oublier: La grisaille, les regrets, le travail, les feuilles mortes, les rêves fanés, et autres solitudes.
L'île est de celles où les rives sont si claires que l'on y enracine aisément des images. Mais les photos sont de bien piètres messages, d'imparfaites preuves, de désuettes splendeurs. J'aimerais y ajouter les froufrous des fleurs, la respiration de la nature qui souffre ici et là de ses mares asséchées, de sa terre sans réserve de pluies. Dans les buissons j'entends des respirations d'oiseaux, de petits mamiffères à peine nés, et les lézards pressés, étonnés d'être passés de l'hiver à l'été n'ont pas encore appris à se cacher.
Ca bruisse dans les arbustes, et le soleil clément s'est donné l'accord du vent pour qu'il n'ennuie personne et n'absorbe ni la lumière, ni l'eau qui reste aux ruisseaux discrets.
Les habitants sont à moins de cinq minutes en bateau du continent, mais certains vivent loin du monde, les yeux dans la marée et le ciel clair. Un homme en chapeau prend le temps d'arroser un arbre fraichement planté.